Qui n’est pas familier avec cette sensation oppressante d’anxiété, qui, lorsqu’elle escalade, perturbe irrémédiablement notre existence ?
Cette émotion, bien que normale, peut se transformer en un handicap sévère lorsqu’elle se manifeste avec trop de vigueur ou de fréquence, prenant alors le visage des troubles anxieux.
Ces derniers se déclinent en diverses formes – anxiété généralisée, trouble panique, etc. -, impactant fortement les femmes plus que les hommes.
Les symptômes des troubles anxieux, autant psychologiques, tels que la peur ou le stress, que physiques, comme les palpitations, sont un fardeau au quotidien. Ces troubles peuvent se lier à d’autres problématiques de santé psychique comme la dépression ou encore les addictions.
Mais quelles sont les origines de l’anxiété ? Qu’est-ce qui nourrit son existence et sa persistance ? Comment l’approcher et la gérer ?
Cet article vous dévoile sept clés essentielles pour vous aider à démêler les fils de ce phénomène complexe et trouver une voie vers l’apaisement.
Clé N°1 : l’anxiété est une réponse naturelle
L’anxiété, ce sentiment aussi normal qu’essentiel, agit tel un signal d’alarme qui nous engage à être vigilants face à un danger ou un stress imminent.
Elle nous enveloppe de sensations corporelles alarmantes et de pensées négativement chargées, nous sommant de réagir. Mais cet émoi interne ne devrait-il pas être que passager ?
Quand l’anxiété persiste avec une intensité effrayante ou un caractère obsédant qui ne cadre plus avec les circonstances, elle devient une somme de troubles anxieux, ces manifestations psychiques qui déstabilisent notre quotidien.
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Les différentes formes d’anxiété
Sous l’ombre des troubles anxieux se cachent des variantes aux contours et intensités distincts, à l’impact durable sur l’existence.
Parmi les formes d’anxiété les plus connues, on retrouve :
L’anxiété généralisée
L’anxiété généralisée est une présence impalpable mais constante, une inquiétude sans relâche qui paralyse et envenime la sérénité de presque toutes les domaines de la vie quotidienne.
Cette constante nervosité s’installe insidieusement, nous rendant la détente et la concentration difficiles, et nous privant de la jouissance de joyeux moments.
Le trouble panique
Une série de crises d’angoisse foudroyantes et aléatoires, accompagnées de symptômes corporels violents et de pensées de mort imminente. La crainte d’une récidive est tenace, et fonde l’évitement des scénarios potentiellement déclencheurs au sein de l’esprit.
Les phobies
Les phobies sont une frayeur déraisonnée et immense face à un élément précis qui effraie. Cette terreur commande à la personne d’esquiver l’objet de sa phobie ou d’affronter la rencontre avec une angoisse exacerbée.
Les phobies se déclinent en un répertoire inépuisable d’aversions particulières.
Le trouble d’anxiété sociale
L’anxiété sociale est une appréhension disproportionnée liée au jugement d’autrui.
Les interactions sociales deviennent un terrain redoutable où chaque geste semble examiné, où le rouge de la honte, la gêne du bégaiement, la sueur de l’inconfort ou le tremblement de l’appréhension nourrissent la crainte d’être jugé.
Ces troubles sèment le chaos dans les sphères intime, professionnelle, familiale et sociale de la personne, et il est fréquent qu’ils cohabitent avec d’autres tourments comme la dépression, les insomnies, les dépendances ou les troubles de l’alimentation.
Clé N°2 : comprendre les facteurs biologiques
Le rôle potentiel de la génétique dans notre susceptibilité aux troubles anxieux ne saurait être sous-estimé.
Tout comme une ombre héritée, la vulnérabilité aux troubles de l’anxiété peut se transmettre à travers les générations d’une famille.
Les recherches démontrent que les personnes anxieuses ayant des membres de leur famille – parents ou fratrie – confrontés à ces troubles, sont plus exposés.
A l’heure actuelle, le mystère demeure car aucun gène spécifique n’a été clairement désigné comme le coupable. On suppose donc qu’une combinaison complexe de multiples gènes associés à l’environnement affectif, social ou familial dans lequel nous évoluons, participe à la construction progressive de l’anxiété.
Le rôle des neurotransmetteurs
Les neurotransmetteurs, ces messagers chimiques du cerveau, gèrent les interactions entre nos neurones – les cellules nerveuses – maîtres de notre pensée et de notre ressenti.
Leur influence s’étend à la modulation de notre état d’esprit, de nos émotions, de notre sommeil, de notre appétit et même de nos souvenirs. Certains de ces facteurs chimiques, notamment la sérotonine, la noradrénaline, le GABA et le glutamate, sont étroitement liés au phénomène de l’anxiété.
Un déséquilibre, qu’il s’agisse d’une production excessive ou insuffisante, peut semer le désordre au sein de notre système nerveux et aggraver notre anxiété.
Prenons pour exemple la sérotonine : ce neurotransmetteur qui tire les ficelles de l’apaisement et lutte contre la dépression, peut accentuer l’anxiété et les sentiments dépressifs.
À l’inverse, un excès de glutamate, qui a pour effet de stimuler le cerveau, peut conduire à une suractivité cérébrale et une hypersensibilité au stress.
Les traitements pharmaceutiques destinés à lutter contre les troubles anxieux ont souvent pour objectif de moduler ces neurotransmetteurs, augmentant ou réduisant leur activité, et ainsi rééquilibrer notre chimie cérébrale.
Clé N°3 : le déséquilibre des neurotransmetteurs
Immergeons-nous dans l’univers complexe de notre cerveau où les neurotransmetteurs, de petites entités chimiques, orchestrent la symphonie de vos pensées, de vos émotions et de vos comportements.
Ces substances fascinantes sont les gardiennes de votre bien-être mental, influençant tout, depuis notre humeur jusqu’à notre sommeil et notre mémoire.
Isolons quelques acteurs clés comme la sérotonine ou la noradrénaline, gardiens de la tranquillité ou le GABA et le glutamate, régulateurs de notre réactivité face au stress.
Imaginons maintenant qu’un déséquilibre s’installe, perturbant cette harmonie délicate ce qui a pour conséquences un terrain propice à l’anxiété.
Par exemple, une carence en sérotonine peut être l’étincelle déclenchant l’angoisse et la déprime. A l’inverse, un afflux de glutamate peut susciter une tempête interne, rendant le cerveau hyperactif face au stress.
Les traitements modernes visent à rectifier ces déséquilibres, ajustant la présence de ces messagers chimiques pour restaurer la sérénité de l’esprit.
Clé N°4 : le rôle du milieu familial et socioculturel
Dans la vaste étendue de notre quotidien, l’atmosphère qui nous entoure tisse les contours de notre tranquillité ou, au contraire, de notre anxiété.
Le contexte familial peut représenter un havre de réconfortant ou devenir la source d’un stress latent. Tout dépend de la teneur des échanges, de la chaleur des liens, des attentes implicites et des valeurs partagées.
Des recherches le confirment que l’enfant de parents eux-mêmes angoissés ou protecteurs à l’excès est davantage sujet à l’inquiétude laquelle évolue parfois jusqu’à des troubles anxieux à l’âge l’adulte.
Le cadre socioculturel n’est pas en reste : exposés aux influences médiatiques, sociales, comme à diverses formes de pression et de discrimination, nous nous voyons façonnés par notre environnement.
Ainsi, on observe que dans des nations marquées par un haut degré de développement humain, la prévalence des troubles de l’anxiété est remarquablement plus élevée que dans celles où le développement reste limité.
Stress et événements traumatisants comme déclencheurs
Le stress se présente en bienfaiteur ou en bourreau : c’est la réponse instinctive de notre être à l’approche d’une menace, un appel à mobiliser nos arsenaux internes pour affronter l’adversité.
Mais que survienne une intensité excessive, une fréquence répétée ou une durée étendue, et notre équilibre flanche, laissant l’anxiété s’immiscer en nous.
Que ce soit les embûches quotidiennes comme le travail, les études, les interactions interpersonnelles, ou les catastrophes qui marquent une vie – cataclysmes de la nature, accidents, actes de violence – le stress n’est jamais loin.
Une telle situation peut générer un éventuel résultat : un trouble de stress post-traumatique (TSPT) marqué par des réminiscences terrifiantes, des cauchemars, l’évitement systématique, une hypervigilance constante, et une détresse qui ne faiblit pas.
Clé N°5 : les troubles physiques et psychiques
Les comorbidités médicales
Un trouble anxieux évolue rarement de façon solitaire.
Il arrive souvent accompagné de divers malaises physiques qui viennent perturber l’harmonie du corps et de l’esprit. Ces déséquilibres peuvent tout autant être la conséquence d’une anxiété profonde.
Parmi les affections qui se tiennent dans l’ombre de l’anxiété, nous trouvons :
Les désordres cardiaques
L’anxiété est capable de déchaîner palpitations et oppressions thoraciques, d’exacerber la tension artérielle ou de provoquer des arythmies. Elle est aussi responsable de troubles plus graves tels que des maladies cardiaques ou des crises cardiaques.
Les troubles respiratoires
Que dire de la crainte oppressante procurant hyperventilation et sensations d’étouffement ? Ces troubles respiratoires, pouvant aller de la dyspnée à la bronchoconstriction, ont aussi la fâcheuse tendance de rendre plus aiguës des maladies existantes telles que l’asthme ou encore la bronchite chronique.
Les perturbations endocriniennes
L’anxiété se joue de nos glandes hormonales – thyroïde, surrénales, ovaires – semant parfois le chaos dans leur fonctionnement et favorisant l’apparition de troubles tels que l’hyperthyroïdie, le diabète ou le syndrome des ovaires polykystiques.
Les soucis gastro-intestinaux
L’anxiété vient secouer notre abdomen, causant nausées, vomissements, diarrhées et douleurs abdominales, sans oublier de nourrir le syndrome du côlon irritable ou d’accélérer le risque d’ulcères et de maladies inflammatoires intestinales.
En pareille situation, il est crucial de consulter un médecin pour identifier et soigner ces pathologies qui perturbent notre qualité de vie et notre équilibre mental.
Les troubles psychiques associés
Encore une fois, l’anxiété navigue rarement seule. Elle ouvre souvent la porte à d’autres troubles psychiques, de gravité et de durée variables.
Ces troubles peuvent être des éclaireurs, des conséquences ou des amplificateurs de l’anxiété. Dans ce cortège de troubles psychiques fréquemment associés aux troubles anxieux, nous trouvons ce qui suit.
La dépression
La dépression est un voile posé sur nos humeurs, agrémenté de :
- Tristesse profonde,
- Désintérêt,
- Fatigue,
- Auto-reproches,
- Perte d’estime de soi,
- Perturbations du sommeil,
- Problèmes d’appétit ou de désir sexuel,
- Idées suicidaires.
La dépression va souvent de paire avec l’anxiété, en la précédant ou en l’accompagnant.
Les addictions
Les addictions forment un cercle vicieux de dépendances, que ce soit aux substances comme l’alcool, le tabac, les drogues, les médicaments, ou aux activités telles que le jeu, le sexe ou internet. Les addictions et l’anxiété se tiennent souvent la main, se précédant l’une l’autre ou coexistant en un mélange toxique.
Clé N°6 : les théories de l’apprentissage
Les cadres théoriques autour de l’apprentissage cherchent à élucider la manière dont les individus acquièrent et modulent leurs comportements, émotions et processus cognitifs.
Ces théories s’avèrent essentielles pour déchiffrer l’origine et la persistance de troubles anxieux. Trois modalités d’apprentissage sont fréquemment mises en avant comme génératrices d’anxiété.
Vous les trouverez ci-après.
L’apprentissage classique
L’apprentissage classique est un processus qui désigne une situation où un stimulus initialement neutre (tel qu’un chien) et qui se trouve couplé à un stimulus aversif (comme une morsure) déclenchant une réponse émotionnelle de peur.
Ce faisant, la personne concernée apprend à redouter le stimulus neutre, même dans l’absence du stimulus aversif. Cela peut expliquer, entre autres, les phobies spécifiques.
L’apprentissage opérant
L’apprentissage opérant est un type d’apprentissage qui révèle comment un comportement est intensifié ou affaibli par ses retombées.
Dans cet ordre d’idées, le patient apprend à privilégier des comportements qui procurent du bien-être ou évitent la douleur.
Par exemple, cela se traduit par des stratégies d’évitement ou de fuite face à des situations génératrices d’anxiété, soulageant temporairement celle-ci, mais la renforçant à la longue.
L’apprentissage vicariant
L’apprentissage vicariant est un processus d’apprentissage par observation des modèles, incluant les parents, les pairs ou les médias.
De cette façon, chacun d’entre nous apprend à reproduire ou à éviter des comportements, émotions et cognitions selon les répercussions observées auprès de certains modèles.
C’est le cas, entre autres, pour l’apprentissage de la peur ou de la confiance en soi.
La perception et les pensées négatives
La perception est le prisme à travers lequel nous décodons les signaux issus de notre entourage.
Les personnes sujettes à l’anxiété ont une tendance marquée pour une perception altérée, conduisant à une surestimation des menaces, une sous-évaluation de leurs propres ressources et une anticipation systématique des pires scénarios.
Ces pensées négatives alimentent l’anxiété et engendrent un cycle pernicieux. Ainsi, une personne redoutant la prise de parole en public peut se répéter :
« Je vais bredouiller, on va se moquer de moi, cela va être une humiliation ». Un tel monologue intérieur exacerbe l’anxiété et donner raison aux craintes auto-prophétisées.
Face aux distorsions de perception et aux pensées négatives, des techniques cognitives sont préconisées afin d’identifier, de questionner et de substituer les schèmes de croyances irrationnelles ou dysfonctionnelles par d’autres plus réalistes et adaptées.
Par exemple, une personne craignant les discours en public pourrait se rassurer en se disant :
« Je suis capable de me préparer, l’assistance est bienveillante, je vais donner le meilleur de moi-même ».
Effets des substances et médicaments
L’intrication délicate des substances et des médicaments avec notre cerveau génère une chimie aux multiples répercussions.
Si l’on pense à l’alcool, au tabac, à la caféine ou certaines drogues récréatives, tous peuvent jongler dangereusement avec nos neurotransmetteurs.
L’alcool, par exemple, joue le rôle d’un voleur, dérobant la sérotonine tout en gonflant les rangs du glutamate, semant ainsi les graines de l’anxiété.
Quant aux médicaments tels que les antidépresseurs et les anxiolytiques, ils tâchent d’équilibrer ces niveaux pour apaiser l’esprit. Pourtant, même ces alliés bien intentionnés laissent des symptômes indésirables comme les nausées ou à la baisse de désir.
Clé N°7 : stratégies d’adaptation et gestion de l’anxiété
Devant l’inéluctable réalité des situations stressantes ou chargées d’anxiété, nous déployons des mécanismes d’adaptation.
Tels des remparts à notre bien-être, ces stratégies se déclinent de façons saines ou malsaines, lesquelles influencent notre capacité à affronter nos défis ou, au contraire, à sombrer.
Les mécanismes d’adaptation sains viennent à bout de l’anxiété, contribuent à la résolution des conflits, cimentent notre estime personnelle et préservent notre intégrité physique et psychologique.
Ces bouées de sauvetage se matérialisent sous diverses formes : relaxation, méditation, sport, humour, créativité, expression des sentiments, ou quête de support social.
A contrario, les mécanismes d’adaptation malsains nourrissent l’anxiété, détournent les problèmes, sapent notre estime de soi et mettent à mal notre santé. Ils prennent la forme de ruminations, de déni, de fuite, de reproches, ou du recours à l’alcool, au tabac, aux drogues, à l’isolement, ou à l’auto-critique.
Pour évoluer sereinement dans ce tumulte émotionnel, il est impératif de discerner et substituer les mécanismes d’adaptation malsains à leurs homologues sains, nous armant ainsi pour mieux réguler l’anxiété.
Gestion de l’anxiété au quotidien
Maîtriser l’anxiété en continu requiert l’application de stratégies efficaces, qui régulent nos symptômes, réorientent nos pensées et nos comportements, et subliment notre existence.
Ces stratégies sont les suivantes :
La respiration abdominale
La respiration abdominale consiste à respirer par me nez en gonflant le ventre au maximum puis à l’expulsr doucement par la bouche . Cette pratique abaisse le rythme cardiaque, diminue la tension artérielle et atténue le niveau de stress.
L’exposition progressive
L’exposition progressive est une méthode qui nous invite à nous confronter, avec méthode et détermination, aux situations ou éléments déclencheurs d’anxiété, en partant du moins menaçant au plus intimidant. Elle a pour effet de diminuer l’anxiété et de renforcer la confiance en soi.
La restructuration cognitive
La technique de la restructuration cognitive nous amène à identifier, questionner et remplacer les pensées négatives ou irrationnelles par des perspectives plus positives et réalistes.
La pleine conscience
La méditation de pleine conscience nous invite à focaliser notre conscience sur le moment présent, sans jugement ni réaction automatique. Elle aide à se concentrer sur le « ici et maintenant », au lieu de s’inquiéter du passé ou de l’avenir, qui sont souvent générateurs d’anxiété.
Ces stratégies s’acquièrent et s’affinent avec le soutien d’un professionnel de la santé mentale, tel qu’un psychologue, un psychothérapeute ou un psychiatre, ou encore des livres, des applications ou des sites web dédiés.
Traiter les origines de l’anxiété et ses conséquences
L’anxiété, aussi impressionnante qu’elle paraisse, n’est pas une fatalité gravée dans le marbre.
Elle se laisse domestiquer au fil d’une quête constructive de mieux-être, sous les auspices de notre propre désir de changement et d’un accompagnement personnalisé.
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Ressources
- Les bases neurobiologiques de l’anxiété – Dossier INSERM (Institut National Scientifique d’Études et de Recherches Médicales)
- Présentation des troubles anxieux – Le Manuel MSD