La déréalisation appartient à la famille des troubles dissociatifs, manifestant un écart profond d’avec son propre soi physique, mental, ou de son entourage immédiat.

Les individus touchés par ce trouble se retrouvent dans une condition quasi onirique, prisonniers d’une brume cognitive ou égarés dans une réalité qui leur semble factice.

Bien qu’ils demeurent pleinement conscients de cette altération de leur perception, il leur est difficile d’établir un lien avec leurs émotions, leurs sensations corporelles ou leur passé. La déréalisation cause une perturbation significative, entaillant sévèrement la qualité de l’existence de ceux qui en sont affectés.

Qu’est-ce qui mène à la déréalisation ? Quels en sont les signes distinctifs ? Quels sont les traitements de la déréalisation ? Y a-t-il des démarches à suivre pour la prévenir ou atténuer ses symptômes ?

Cet article ambitionne de répondre à ces interrogations, s’appuyant sur des données authentiques et actualisées.

Comprendre la déréalisation

Définition et symptômes de la déréalisation

Le phénomène de la déréalisation appartient au cercle des troubles dissociatifs, révélant une altération profonde de la perception qu’un individu a de son environnement.

Les personnes touchées par ce trouble vivent une expérience semblable à un rêve, enveloppées dans une brume ou plongées dans un univers qui leur semble totalement surréel.

Conscientes de cette étrange dissonance, elles éprouvent néanmoins d’importantes difficultés à se connecter à leurs émotions, sensations ou souvenirs, faisant de la déréalisation une véritable source de perturbations au quotidien.

Parvenir à identifier les symptômes de la déréalisation n’est pas chose aisée : sentiment de se détacher de son corps, de son esprit et de ses ressentis, d’être un simple spectateur de sa propre existence, enveloppé dans un voile d’étrangeté.

Cette expérience peut s’accompagner d’une perception altérée où les sons semblent amplifiés, les objets déformés, le temps irrégulier, et le monde environnant, flou ou factice.

Un sentiment de vacuité, d’indifférence, ou d’irréalité peut aussi s’installer, ajoutant à la confusion et à l’isolement des personnes affectées.

Les causes possibles de la déréalisation

Les origines de la déréalisation peuvent être multiples et variées.

Souvent, elle s’inscrit dans le sillage d’autres troubles psychiatriques comme la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique, le trouble obsessionnel-compulsif ou encore le trouble dissociatif de l’identité.

Par ailleurs, elle peut être imputée à certaines affections neurologiques telles que l’épilepsie, les migraines, les tumeurs cérébrales ou la sclérose en plaques.

Dans d’autres cas, la déréalisation émerge comme réaction à un stress excessif ou un événement traumatique, qu’il s’agisse de maltraitance, de négligence ou de violence subie ou observée, que ce soit pendant l’enfance ou à l’âge adulte.

Elle représente alors un mécanisme de défense par lequel le cerveau tente de s’échapper d’une réalité trop douloureuse.

Enfin, l’usage de certaines substances psychoactives, incluant la marijuana, la kétamine, des hallucinogènes ou de l’ecstasy, peut également induire une telle dissociation.

Les alternatives thérapeutiques pour traiter la déréalisation

Approche psychothérapeutique

L’approche psychothérapeutique se propose comme un soutien précieux pour les individus éprouvés par la déréalisation, visant à les accompagner dans une exploration et une transformation des processus psychiques conduisant à cet état.

Elle est une ode à la réappropriation émotionnelle de son histoire personnelle, au renforcement de l’estime de soi, et à la consolidation des liens interpersonnels.

La psyché humaine ayant de multiples facettes, la psychothérapie s’adapte en proposant un éventail de modalités telles que la thérapie individuelle, de groupe, ou encore familiale, prenant ainsi ses racines dans divers courants théoriques incluant la psychanalyse, l’humanisme ou la systémie pour n’en nommer que quelques-uns.

Techniques de relaxation et de gestion du stress

Les techniques de relaxation et de gestion du stress, quant à elles, s’érigent en véritable bouclier contre les tensions accumulées tant sur le plan physique que mental, susceptibles de nourrir ou d’exacerber la déréalisation.

Elles invitent au voyage intérieur, favorisant un recentrage salvateur autour de la corporalité, une modulation respiratoire apaisante, ainsi qu’une réduction significative de l’anxiété, redessinant ainsi les contours d’une réalité plus tangible.

Le répertoire des techniques de relaxation est vaste, englobant la respiration profonde, la relaxation musculaire progressive, la méditation, le yoga, pour s’initier à une vie moins assujettie au stress, cette démarche s’articule également autour d’une identification précise des facteurs stressants, d’une démarche proactive de confrontation ou d’évitement de ces derniers, et du développement d’aptitudes adaptatives efficaces.

La thérapie comportementale

La thérapie comportementale issue de l’approche systémique de Palo Alto, une approche stratégique et brève orientée solutions, se positionne comme une approche thérapeutique de référence, offrant un cadre bref et structuré, fondé sur la conviction intrinsèque d’une interconnexion entre pensées, émotions et actions, toutes susceptibles de transformation à travers l’acquisition de nouvelles compétences.

Cette démarche a pour fonction de guider la personne affectée par la déréalisation dans un cheminement visant à revisiter ses schémas de pensées et ses perceptions de la réalité, souvent teintés de biais ou de négativité, à encourager des réactions constructives et à réduire les comportements d’évitement ou de contrôle.

Saluées pour leur efficacité, la thérapie comportementale systémique incarne une réponse adaptée à la déréalisation ainsi qu’à d’autres troubles dissociatifs.

Les traitements médicamenteux

L’utilisation des antidépresseurs

Les antidépresseurs opèrent à travers une modulation des neurotransmetteurs clés, tels que la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline, qui jouent un rôle central dans le maintien de l’équilibre émotionnel et la régulation de l’humeur.

Ils sont prescrits pour lutter contre la dépression et viennent également en aide dans le traitement de divers troubles anxieux.

Une des contributions significatives des antidépresseurs réside dans leur capacité à atténuer les symptômes liés à la déréalisation, en diminuant stress, anxiété et sentiments dépressifs couramment associés à ce trouble, tout en contribuant à rééquilibrer la chimie cérébrale perturbée.

Les diverses catégories d’antidépresseurs se distinguent par leur spécificité d’action et leurs potentielles répercussions secondaires. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tels que la fluoxétine, la paroxétine ou la sertraline, sont connus pour leur niveau de tolérance et leur faible indice de toxicité.

Face à une réponse insuffisante ou à des effets secondaires mal tolérés avec les ISRS, d’autres classes peuvent être envisagées, notamment les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNa), les antidépresseurs tricycliques (ATC) ou encore les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).

L’usage des anxiolytiques

Les anxiolytiques, agents réducteurs de l’anxiété et de l’agitation, trouvent leur utilité dans l’apaisement des manifestations et des complications issues de la déréalisation telles que la sensation d’irréalité, la peur de perdre le contrôle ou la terreur de sombrer dans la folie.

Ils facilitent également l’endormissement et la détente.

Parmi les anxiolytiques, les benzodiazépines (diazépam, lorazépam, clonazépam) se démarquent par leur efficacité rapide, bien qu’elles comportent des risques non négligeables tels que la dépendance, la tolérance, l’effet de sevrage et certains effets indésirables comme la somnolence ou les perturbations mnésiques.

L’utilisation des anxiolytiques sur la longue durée est déconseillée en raison de leurs potentiels effets délétères sur la conscience de soi et de l’environnement, pouvant paradoxalement intensifier la déréalisation.

Leur prise doit donc être rigoureusement encadrée par un professionnel de santé qui prescrira le dosage médicamenteux minimal efficace. Il est à noter que certains médicaments, tels que les bêta-bloquants, les antihistaminiques ou encore les antidépresseurs, peuvent offrir une alternative avec un profil d’effets secondaires moins contraignant.

Le rôle des antipsychotiques

Les antipsychotiques interviennent spécifiquement sur les récepteurs dopaminergiques, directement impliqués dans les mécanismes de perception de la réalité, de motivation et de perception du plaisir.

Ils sont prescrits dans le traitement des pathologies psychotiques, comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.

En agissant sur les symptômes tels que les hallucinations, les délires, la désorganisation de la pensée et l’agressivité, les antipsychotiques peuvent effectivement atténuer certaines manifestations de la déréalisation, favoriser la stabilisation de l’humeur et améliorer les interactions sociales.

Les antipsychotiques se déclinent en deux grandes familles : les antipsychotiques conventionnels et les antipsychotiques de 2e génération.

La première catégorie, les antipsychotiques conventionnels, inclue des substances comme l’halopéridol ou la chlorpromazine. Elle se caractérise par une forte interaction avec les récepteurs dopaminergiques, mais présente des effets secondaires moteurs significatifs.

Les antipsychotiques de 2e génération, tels que la clozapine ou l’olanzapine, tout en agissant sur une palette plus large de récepteurs, offrent une meilleure tolérance au niveau des troubles moteurs, bien qu’ils puissent induire un syndrome métabolique, marqué par une prise de poids, un risque accru de diabète, des anomalies lipidiques et une hypertension artérielle.

Les thérapies complémentaires dans le traitement de la déréalisation

La méditation de pleine conscience

Considérons la méditation de pleine conscience, cette approche subtile où l’attention est capturée par l’instant présent, dans une posture d’observation neutre de ce qui survient en nous et autour de nous.

Ce focus sur le « ici et maintenant », sans jugement ni réponse impulsive, cultive un esprit serein, réduit le stress et enrichit la vie quotidienne. Particulièrement pour ceux aux prises avec la déréalisation, elle ouvre une voie vers une réhabilitation de la conscience corporelle et émotionnelle, et une reconnexion avec l’environnement direct.

Elle offre également l’opportunité de remodeler les perceptions négatives de sa réalité, affronter les circonstances déclenchant le trouble et embrasser une posture d’acceptation et de bienveillance envers soi-même.

Pouvant être expérimentée en solitaire ou collectivement, guidée ou non, à travers des supports ou dans le cadre plus structuré d’une thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (TCPC), cette pratique révèle sa flexibilité et sa portée.

Attention cependant, la méditation qu’elle qu’elle soit n’est pas une solution en soi. Elle permet seulement de se détendre. En effet, si la méditation était une solution à la déréalisation, nous n’aurions pas besoin de la pratiquer si souvent et sans relâche. Mais, j’écris çà, j’écris rien…

La pratique régulière du sport

La pratique régulière du sport se présente comme une discipline à la croisée du physique et du psychique, contribuant à la fois au maintien de la forme physique et à la santé mentale.

Elle permet de libérer des endorphines, synonymes de plaisir et de bien-être, tout en renforçant l’estime de soi et la confiance.

Pour les individus expérimentant la déréalisation, le sport agit positivement en stimulant la circulation sanguine et l’apport d’oxygène au cerveau, en atténuant stress et anxiété, en améliorant la qualité du sommeil et la récupération, et en affinant la perception du corps et de son entourage.

La diversité des activités sportives, allant de la marche à la danse, permet à chacun de trouver son rythme, son plaisir, avec un seuil de recommandation de 30 minutes d’activité modérée par jour, ou 150 minutes hebdomadairement.

Le yoga et le taï-chi

Enfin, explorons le yoga et le taï-chi, disciplines orientales mêlant mouvement, respiration et méditation, et construites autour des concepts d’énergie vitale (prana pour le yoga, qi pour le taï-chi).

Elles visent à un équilibre homogène entre corps, respiration et esprit, et promettent détente, recentrage, régulation du souffle, apaisement mental et un réenracinement dans le réel.

Pour ceux confrontés à la déréalisation, ces pratiques facilitent la prise de conscience corporelle, l’expression émotionnelle, la consolidation de l’équilibre et de la coordination, tout en affûtant l’attention et la concentration.

Qu’ils soient pratiqués en solitaire, en session collective, sous la supervision d’un enseignant ou non, ils se présentent comme des outils puissants au sein d’une approche thérapeutique intégrative.

Le rôle de l’entourage et des groupes de soutien

L’impact de l’entourage et des groupes de soutien dans la démarche de guérison de la déréalisation est inestimable.

Ils offrent un soutien vital par le biais d’une écoute attentive, d’une compréhension profonde, d’un accompagnement constant et de mots d’encouragement, qui sont forts importants dans le combat contre ce trouble.

Ils jouent également un rôle important en informant, en orientant vers les bons parcours de soins et en assistant dans la prévention des rechutes, contribuant ainsi à maintenir une qualité de vie élevée.

Le terme « entourage » englobe les individus les plus proches de la personne atteinte de déréalisation : membres de la famille, amis, collègues de travail, entre autres.

Ces personnes peuvent rencontrer des défis et éprouver des souffrances face aux comportements et réactions de proches victimes de symptômes de déréalisation. Des sentiments d’impuissance, de culpabilité, de colère, de tristesse ou de détresse peuvent émerger.

Il peut également survenir un besoin de protection, de préservation personnelle ou de recherche d’aide personnelle. Il est donc primordial que l’entourage soit lui-même soutenu, informé et engagé dans le processus de soin.

Des consultations familiales, des guidances parentales, des médiations conjugales ou des thérapies familiales peuvent leur être proposées en fonction de la situation spécifique rencontrée.

L’entourage peut également trouver un soutien au sein de groupes spécifiques, facilitant le partage d’expériences, l’acquisition de conseils et la rupture de l’isolement.

Quant aux groupes de soutien, ils se définissent comme des associations ou organismes organisant des rencontres régulières entre individus touchés par la déréalisation ou ayant un proche affecté.

Ces réunions sont supervisées par des bénévoles, des professionnels ou encore des pairs, appelés aussi des mentors, c’est à dire des personnes ayant une expérience personnelle de la déréalisation.

Ces groupes constituent un espace privilégié d’écoute, d’échange, de solidarité et d’assistance mutuelle. Ils permettent aux participants de se sentir moins isolés, de s’informer, de se former, de s’exprimer librement, de se comprendre mutuellement et de se soutenir.

Ils assument aussi un rôle de sensibilisation, de prévention et de revendication social. En France, l’éventail de groupes de soutien est vaste, offrant une adaptation aux besoins et attentes spécifiques de chacun.

Certains accueillent les personnes souffrant de déréalisation ainsi que leurs proches, tandis que d’autres se spécialisent, se consacrant exclusivement soit aux personnes affectées, soit à leur entourage.

Conclusion

La déréalisation, trouble dissociatif par essence, se manifeste par une sensation étrange, celle d’être désolidarisé de son propre corps, de son esprit ou de l’environnement qui nous entoure.

Elle s’ancre dans des causes diverses et variées, qu’il s’agisse de stress intenses, de chocs traumatiques, de troubles psychiatriques, de pathologies neurologiques ou encore de la consommation de certaines substances.

Son emprise peut bouleverser profondément la vie de celui ou de celle qui en souffre, s’érigeant en barrière contre une qualité de vie épanouie.

Heureusement, la prise en charge de la déréalisation peut s’appuyer sur un arsenal thérapeutique efficace, modulable en fonction des particularités et des attentes de chaque personne.

Ce panel de traitements embrasse des approches psychothérapeutiques, des techniques de relaxation et de gestion du stress, des thérapies cognitivo-comportementales, des solutions médicamenteuses et des thérapies d’appoint.

Leur objectif commun est d’accompagner l’individu vers une reconnexion avec ses sensations, ses émotions et son environnement, de transformer ses schémas de pensée et ses interprétations négatives de la réalité, et d’optimiser son insertion sociale.

L’environnement immédiat de la personne affectée, ainsi que les groupes de soutien, s’avèrent également cruciaux dans le processus de guérison de la déréalisation.

Ils offrent une oreille attentive, une compréhension, un support et un encouragement inestimables à ceux qui vivent avec ce trouble. En outre, ils constituent une source précieuse d’information, d’orientation et d’accompagnement tout au long du parcours thérapeutique.

Si vous êtes confronté à la déréalisation, ou si vous connaissez quelqu’un dans cette situation, il est fortement recommandé de solliciter l’expertise d’un professionnel de la santé mentale.

Ce dernier pourra concevoir un plan de traitement sur mesure, adapté à votre condition et à vos aspirations.

Renseignez-vous également sur les associations et les organismes qui proposent des groupes de soutien : ces espaces d’échange et de partage peuvent vous apporter des conseils précieux et vous aider à briser le cycle de l’isolement.

Souvenez-vous que vous n’êtes pas seul face à cette épreuve et que la rémission est à votre portée.


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Ressources

  • Étude clinique sur la déréalisation : ScienceDirect – juin 2023

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