C’est à la faveur de la démission d’un Secrétaire d’État fraîchement nommé que les français ont découvert et été informés qu’un député souffre de phobie administrative.

Cela remonte à l’année 2014. A peine 5 ans plus tard, l’intéressé, Thomas Thèvenoud, ancien secrétaire d’état sous la présidence de François Hollande, a déposé en son nom la marque « phobie administrative » ce qui équivaut à l’art de transformer un problème en solution.

Depuis l’annonce de cette phobie administrative qui a valu à l’intéressé un redressement fiscal, nombre d’avis, de conjectures et autres billevesées se sont exprimées à propos de cette phobie administrative dont Monsieur Thèvenoud a dit être victime pour expliquer – ou justifier – ses démêlées avec l’administration française, comme avec des créanciers privés.

Nonobstant le déchaînement de jugements à l’emporte pièce, d’aucuns y sont allés de leur jugement tant à propos de  l’homme que de la phobie administrative. Les mêmes s’empressant d’oublier nul n’a le droit de juger sans savoir ni de faire du mal à l’autre pour se faire du bien.

Alors, cette phobie administrative : info ou intox ?

Les origines de la phobie administrative

La phobie, à plus forte raison, la phobie administrative, repose sur un processus d’évitement lié à une peur. La peur afférente à la phobie administrative peut reposer sur une angoisse, celle de ne pas être en mesure de satisfaire à ce qui est vécu comme une injonction, un ordre.

Il s’agit là non seulement de la peur ou de l’angoisse de ne pas être à la hauteur mais aussi celle de découvrir des informations qui font peur. Dès lors, la personne victime de phobie administrative agit comme une personne malade qui refuse obstinément de se rendre chez le médecin.

En effet, pas de consultation médicale, pas de maladie à déceler. Il y a peut-être un problème mais si personne ne le décèle, c’est donc qu’il n’y a pas de problème. En bref, cela s’appelle du déni.

En cherchant à éviter sa peur, la personne essaie de prendre le contrôle de quelque chose qui lui échappe. Ce qui donne un résultat paradoxal puisque en prenant le contrôle elle le perd.

La phobie administrative consiste donc à éviter tout ce qui est associé à un élément douloureux.

En effet, les personnes qui souffrent de phobie administrative se protègent de l’objet de leur phobie. Les obligations administratives et/ou financières par exemple, ce qui, bien évidemment augmente les symptômes issus de la phobie administrative et en accroît les conséquences.

Ces conséquences sont alors considérées comme des manquements – délibérés – à des obligations ou à des engagements, ce qui n’est pas tout à fait exact.

C’est ainsi que le Député Thomas Thévenoud s’est retrouvé dans une spirale épouvantable, autant dans le domaine social, financier, professionnel et économique.

Les fondements de la phobie administrative

La France est la 7è puissance économique mondiale. Beau pays, riche à crédit, au sein duquel nous vivons une injonction permanente quand à la bonne administration des affaires.

J’ai pour coutume de dire combien je m’inquiète de savoir si, un jour, il nous faudra une autorisation pour respirer.

Notre quotidien est fait de documents administratifs souvent compliqués et en nombre croissant, ceci, bien que nous soyons à l’ère informatique.

Ces mêmes documents ne se suffisent pas à eux mêmes. Il faut souvent compléter par une ou des attestations ou un je ne sais quantième second ou tierce document administratif, ces fameux Cerfa.

Sous le prétexte d’un ordre dûment établi, contrôlé et contrôlable, le système génère une entropie – un désordre – épouvantable. Tout en prétextant que ce n’est pas lui le problème que c’est la procédure.

La Loi en est un exemple criant. Il est notoire que la France est l’un des pays les plus compliqués en matière juridique à un point tel que, parfois – souvent – des lois se chevauchent voire se disent le contraire.

Dans les domaines financiers, il n’y a qu’à observer toutes les précautions administratives prises lorsque vous contractez un emprunt. Ainsi, l’un de mes amis qui s’occupe de gestion de patrimoine doit rédiger un document de plus de 100 pages à chacun de ses nouveaux clients avant toute signature définitive.

Ce qui, parfois, n’est pas sans lui poser problème. Il a peur que certaines personnes refusent de se soumettre à cette injonction administrative et que cela empêche la vente d’un produit ou d’un service.

Les causes de la phobie administrative

N’en déplaise à certains esprits grincheux, la phobie administrative est une phobie comme les autres.

Si tel n’est pas le cas, pourquoi accorder de la valeur à la phobie des oiseaux (ornitophobie) ou à la (peur de parler en public)? Sachant qu’être victime d’une phobie n’est pas une question de statut social.

La phobie est une donc façon de contrôler son environnement, de contrôler ses peurs.

Dès lors, la phobie administrative est une je ne sais quantième façon de se protéger de quelque chose. D’un traumatisme peut-être, celui-là même qui nous terrifie pour des raisons qui font écho à l’image de soi, ou la peur de s’affirmer, enfin, la peur de ne pas être à la hauteur et d’assumer.

Des professionnels de la santé et des journalistes moquent ce type de pathologie. Ainsi, ils font le jeu de ces mêmes personnes qui dénient à un enfant, souvent le leur d’ailleurs, la phobophobie ou peur d’avoir peur.

A moins que ce ne soit eux, les adultes, qui aient du mal avec leurs propres émotions à plus forte raison quand l’un de leur proche est en difficulté émotionnelle.

Dénier la phobie d’une personne est une façon de se protéger de son incapacité à accepter que quelque chose nous trouble. Partant, que nous ne sommes pas à la hauteur de l’aide éventuelle dont ces mêmes personnes ont besoin.

Dénier cette pathologie, c’est se dénier soi. C’est dénier sa propre responsabilité dans le problème.

La phobie administrative est-elle une vraie phobie ?

La critique est aisée mais l’art est difficile.

Mesdames et messieurs qui critiquez tant la phobie administrative, vous souffrez surement d’une pathologie qui vous est propre et que vous vous employez à cacher, laquelle vous vous gardez bien de revendiquer. Ainsi, vous ne prenez pas le risque de vous exposer au jugement du monde parce-que vous en concevez de la honte.

Mais d’où parlez-vous pour vous moquer des autres et dénier leur réalité ?

Qui sommes nous pour prétendre qu’une phobie serait plus vraisemblable qu’une autre ? D’où parlent certains journalistes pour rallier la phobie administrative dont cet ancien secrétaire d’état parle ? Qui sommes nous pour nous permettre de juger si quelqu’un souffre d’une affection rêvée et malhonnête ?

Pourquoi y aurait-il de vraies et de fausses phobies ? Avoir peur des araignées est une phobie qui porte le nom d’arachnophobie.

Cette phobie, à l’instar de la phobie administrative, est-elle une fumisterie comme le laisse entendre beaucoup de gens ? En quoi est-ce un problème d’accepter que la phobie administrative est une vraie phobie, et non de la manipulation?

Est-ce parce qu’il s’est agit d’un homme politique, d’un homme public ?

En effet, beaucoup de gens ont réagi et crié au scandale quand Monsieur Thèvenoud a fait état de sa phobie administrative pour expliquer ses difficultés.

De telles réactions ont-elles été suscitées du fait de l’appartenance de ce député à une commission d’enquête ? Celle-là même qui s’occupait d’entendre Monsieur Cahuzac, ex ministre du Budget au sein du gouvernement de Monsieur Jean-Marc Ayrault.

Effectivement, à l’époque, Monsieur Cahuzac avait une… particularité. Celle d’être accusé de fraude fiscale pendant l’exercice de ses fonctions de ministre.

Je vous concède qu’un député qui interroge un ancien ministre des finances limogé pour fraude fiscale, alors que ce même membre de la commission d’enquêtes est lui même en délicatesse avec « la chose administrative », cela prête à confusion ou à rire.

Une malhonnêteté collective

Autant vous le dire. Mon rire est plus que crispé surtout quand je lis ce que le journal Le Figaro exprime (ce qui a été le cas de bien d’autres journaux). Le contenu de cet article est un tissu de normalité ahurissante, d’idées convenues qui dépassent l’entendement.

Pourquoi ne pas reconnaître que la plupart des gens se comporte comme s’il n’avait aucune difficulté handicapante. Dès lors, que les gens font tout pour masquer leur problème ?

Imaginons : vous êtes addict au sexe, un(e) grand(e) adepte de la pornographie au point que l’on puisse parler d’obsession.

Vous en avez conscience et vous culpabilisez. Honnêtement, informez-vous tout le monde de votre situation ?

Du coup, vous défendriez la cause de la pornographie ou vous vous tairiez en disant à qui veut bien l’entendre que la pornographie est une honte alors que vous êtes le premier, ou la première, à regarder des films X pour apaiser vos angoisses, existentielles ou pas ?

Soyons sérieux et honnêtes !

Phobie administrative. Qu'est-ce que c'est?

Nous ne sommes gênés que par ce qui nous ramène à nous mêmes.

Pourquoi dénier la possibilité – réelle – que certaines personnes souffrent de phobie administrative ? Est-ce que souffrir de la phobie du vent (aérophobie) est une fumisterie ? Est-ce qu’avoir peur des oiseaux est une plaisanterie qui sert à masquer la malhonnêteté d’un individu ?

C’est ahurissant ce besoin qu’a l’humanité de se trouver un bouc émissaire pour se protéger de ses propres errements, de ses propres difficultés.

Exactement comme quand des gens pauvres disent que les gens riches sont des salauds ! Tous les gens qui ont de l’argent ne sont pas des ordures. J’en connais beaucoup qui en profitent pour aider les personnes démunies.

Je trouve tout cela bien pathétique en plus d’être trés franco-français.

Le principe du bouc émissaire en matière de phobie administrative

Nous avons tous nos petits – ou grands – problèmes personnels. Nous avons tous nos petits comportements d’évitements par rapport à ce que nous vivons comme un problème.

J’ai un patient qui a la phobie de son propre sperme. Est-il malhonnête, cet homme qui est dans une vraie souffrance, alors qu’il s’agit de son propre plaisir ?

Qui, et à quel titre, peut se permettre de juger cet homme sous le prétexte que son problème est d’ordre sexuel ?

En ce qui me concerne, mon travail n’est pas de juger mais d’aider, à plus forte raison quand quelqu’un vient me consulter en partageant ses souffrances avec moi.

Quand une personne me dit être sidérée par sa peur, j’entends et j’agis de sorte à l’aider. Je ne juge pas, ni à titre humain, ni en qualité de coach comportemental. Jamais, je ne me permets de remettre en cause la souffrance exprimée.

La question n’est pas de savoir si un homme ou une femme dit vrai ou non. La question c’est : « Comment se fait-il que lorsqu’un individu exprime sa réalité, et qu’il le fait de façon maladroite, personne ne veut l’entendre ?« . Qu’est-ce qui dérange donc tant pour justifier un tel rejet ?

Est-ce cette époque robespierriste qui succède à celle des passes droits qui motive une telle véhémence ? La souffrance des gens est-telle si grande qu’il leur faut un pharmacoï, un bouc émissaire pour se protéger de leurs responsabilités ?

Dans la mythologie, le pharmacoï était un homme qui n’avait pas le droit de choisir ses vêtements, sa nourriture, son lieu de vie. Il était littéralement entretenu par la collectivité pour une raison bien particulière.

Un système responsable de la phobie administrative

En rien, le pharmacoï n’est un être humain. Il ne bénéfice d’aucun choix possible, d’aucune autonomie, et il est placé sous la seule et exclusive autorité d’un régent.

Ainsi, quand le peuple se sent mal, comme déséquilibré, le peuple demande au régent le droit de mettre à mort le dit pharmacoï. Ce que, bien sur, le régent accepte (il y a tout intérêt).

Accepter cette exécution lui confère un droit divin d’une part, lui permet d’asseoir son autorité d’autre part, et gérer le conflit au mieux de ses intérêts. Le régent laisse ainsi au peuple la possibilité d’exprimer ses plus bas instincts, en plus d’encourager sa malhonnêteté.

Après autorisation du régent, le peuple exécute le pharmacoï au motif que les déboires de la population sont de la responsabilité de cet homme et non de celle du régent.

C’est exactement comme quand Emmanuel Macron dit qu’il n’y avait pas de violences policières au cours des manifestations des gilets jaunes et que seul le ministre de l’intérieur était responsable du comportement des charges violents de la police contre les manifestants.

Cette aparté étant faite, revenant à notre bouc émissaire.

Une fois le pharmacoï mis à mort, le peuple se sent plus équilibré, pus serein, non sans oublier de choisir, très rapidement, un nouveau pharmacoï pour, de nouveau, recommencer dès que le besoin s’en fait sentir.

Le bouc émissaire ou pharmacoï : le médicament du groupe social

Ainsi, le pharmacoï, ou bouc émissaire, est le médicament du groupe.

La mort est le soin apporté aux maux de la société. Le pharmacoï, par sa mort, évite au peuple de se confronter à sa propre responsabilité quant à ses turpitudes internes.

Dès lors, autant pour éviter l’opprobre de nos proches quant à nos difficultés à gérer l’administratif, que celle de l’administration, qui a compliquant plus encore avec des formulaires tous plus abscons les uns que les autres.

A titre d’exemple, trés récemment, l’un de mes amis à voulu vendre sa voiture. Il ne s’est toujours pas remis de combien c’était long et compliqué même sur internet.

Les tracasseries administratives auxquelles il a été confronté n’ont qu’une fonction : contrôler la population. George Orwell avait raison.

J’écris et persiste à considérer que la peur et la manipulation sont des systèmes de gouvernance lesquels sont responsables de symptômes d’anxiété grandissants dans les populations à ceci près qu’il existe une solution simple et efficace pour éliminer cette peur et retrouver confiance.

Cette solution, c’est l’approche systémique de Palo Alto, une approche stratégique et brève orientée solutions.

Comment vaincre la phobie administrative, symptôme d’anxiété

La phobie administrative est caractérisée par une peur intense des procédures bureaucratiques et administratives.

L’approche systémique de Palo Alto, axée sur des solutions brèves et stratégiques, offre un cadre unique pour aborder ce type de problème.

Nous allons explorer diverses et complémentaires façons d’appliquer cette approche pour résoudre la phobie administrative et favoriser un changement positif.

Comprendre la phobie administrative dans un contexte systémique

L’approche systémique de Palo Alto considère la phobie administrative comme un symptôme au sein d’un système plus vaste. Plutôt que de se concentrer exclusivement sur la peur elle-même, cette approche examine les interactions, les croyances et les schémas de comportement qui alimentent cette phobie. Identifier les aspects spécifiques du système qui contribuent à la phobie administrative est la première étape vers une résolution orientée solutions.

Définir des objectifs quantifiables et réalisables

Dans une approche orientée solutions, il est essentiel de définir des objectifs clairs.

Plutôt que de se concentrer sur l’élimination complète de la phobie administrative, la définition d’objectifs spécifiques et atteignables crée un point de départ réaliste. Ces objectifs peuvent inclure des étapes progressives, telles que remplir un formulaire simple ou effectuer une démarche administrative de petite envergure.

Explorer les ressources et les forces du système

La phobie administrative peut souvent masquer les ressources et les forces d’une personne.

L’approche systémique de Palo Alto encourage l’exploration des compétences, des expériences positives passées, et des atouts qui peuvent être mobilisés pour surmonter la phobie administrative.

En identifiant ces ressources, on renforce la confiance en soi et la conviction que le changement est possible.

Établir des exceptions

Une caractéristique clé de l’approche de Palo Alto est de rechercher les moments où le problème ne se produit pas.

En identifiant les exceptions à la phobie administrative, nous comprenons les conditions dans lesquelles le système fonctionne de manière plus fluide. Ces exceptions servent alors de points de départ pour développer des stratégies de résolutions efficaces.

Encourager et se féliciter des résultats progressifs

La résolution de la phobie administrative ne nécessite pas nécessairement des changements massifs du jour au lendemain.

L’approche systémique encourage l’introduction de petits changements, appelés « micro-mouvements », qui ont un impact significatif.

Cela peut inclure des actions simples, telles que prendre des notes lors de la réception de documents administratifs, pour commencer à démystifier le processus.

Exploiter le questionnement stratégique

Le questionnement stratégique est une technique clé de l’approche de Palo Alto. En effet, poser des questions spécifiques orientées vers des solutions aide à déconstruire la phobie administrative.

Par exemple, posez vous la question suivante : « Qu’est-ce qui pourrait rendre ce processus administratif moins intimidant ? » . Une telle question, et la réponse, stimule la réflexion sur des solutions potentielles.

Demander de l’aide

L’approche systémique reconnaît l’importance du contexte social.

Dès lors, impliquer votre environnement affectif, social ou familial peut jouer un rôle crucial dans la résolution de la phobie administrative. Le soutien émotionnel et pratique peut ainsi contribuer à renforcer la personne dans ses efforts pour surmonter sa peur.

Pour conclure, la phobie administrative peut sembler insurmontable, mais l’approche systémique de Palo Alto offre une perspective encourageante et orientée solutions.

En comprenant le problème dans un contexte systémique, en définissant des objectifs spécifiques, en explorant les ressources du système, et en introduisant des petits changements progressifs, il est possible de surmonter cette peur étape par étape.

L’utilisation du questionnement stratégique et l’implication de proches bienveillants sont des outils puissants dans cette démarche.

En adoptant une approche systémique, la phobie administrative devient une opportunité de croissance personnelle, où chaque petit progrès compte pour dépasser les entraves administratives.

Sachant que la phobie administrative est un symptôme d’anxiété, si vous souhaitez vous débarrasser autant de votre anxiété que de cette phobie, je vous invite à cliquer sur le lien ci-après.


La + efficace des solutions commence ici.


Article rédigé le 16 janvier 2024 par Frédéric Arminot.


Ressources

  • Direction interministérielle de la fonction publique : « Vaincre la phobie administrative grâce aux sciences comportementales« 
  • Je ne vous cache pas que j’ai beaucoup ri en lisant cet article publié sur le site web du Ministère de la Transformation et de la Fonction Publique. Ils y parlent d’un choix de simplification mais, depuis lors, rien n’a changé voire tout s’est empiré au nom du contrôle des populations. Avec son film « 1984 », Georges Orwell avait dramatiquement raison…

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