Cela fait plus de 25 ans que je m’occupe de personnes qui cherchent à soigner l’angoisse, traiter l’anxiété, vaincre la phobie, soigner une dépression.
A tous ces sujets, quelque chose m’interpelle sans cesse. Une sorte de comportement qui nous adresse un message qui m’inspire une ode récurrente à la dictature du bonheur. Un plaidoyer constant où celles et ceux qui ne comprennent pas qu’être heureux, c’est obligatoire.
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous. Avez-vous parfois, si ce n’est tout le temps, l’impression que chez les autres c’est bien alors que chez vous c’est la guerre en Ukraine ou en Palestine ? Vous arrive t’il d’avoir cette terrible impression que, quoique vous fassiez, rien ne va.
Avez-vous ce pénible et fréquent sentiment qu’alors que vous faites tout pour vous en sortir du mieux possible, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose qui met à terre vos ambitions de bien être ?
Vous arrive t’il d’avoir l’impression que lorsque vous essayez de suivre des principes de bonheur dûment asséné par des marketeurs enfiévrés, vous n’arrivez pas à grand chose, si ce n’est de considérer que, décidément, vous êtes un bras cassé, un bon à rien ou à pas grand chose qui a toutes les raisons d’avoir peur de l’échec ?
Obligation de réussir à être heureux
Si tel est le cas, alors nous sommes vraisemblablement quelques millions à partager cette impression désagréable et tenace. Alors, je me suis posé une question. Une parmi d’autres, dont il est vrai qu’elle m’escagasse quelque peu.
Sommes-nous responsable de nos échecs, ou présumés tels ?
Et si tout cela reposait sur la dictature du bonheur, celle là même qui, par définition, et dans tous les cas, fait notre quête est vouée à l’échec ?
Nous y prenons nous de la mauvaise façon ?
Autant de questions, comme bien d’autres, à propos desquelles je vais partager mon point de vue avec vous. Vision à propos de laquelle, bien sur, vous n’êtes pas obligé d’être d’accord. N’est pas dictateur qui veut…
D’après un dictionnaire bien connu, la dictature c’est, je cite: « Un pouvoir absolu exercé par une personne ou un groupe dans un domaine particulier« , ce qui est lié à la tyrannie.
La dictature du bonheur, c’est quoi ?
Depuis des années, nous sommes sournoisement abreuvés de messages en tous genres. Ces informations, relayées par les médias, nous répètent à l’envi qu’il existe des méthodes simples pour être heureux. Mais, dans le même temps, il nous est dit deux choses très contradictoires.
Et si la solution à votre problème était là où vous ne l’auriez jamais imaginé…
Premièrement, d’aucuns prétendent avoir les moyens de nous aider à nous rendre heureux. Sous-entendu, nous ne le sommes pas. Deuxième volet du message. Si nous ne faisons pas ce que l’on nous indique de faire, nous sommes mauvais.
La nature humaine est ainsi faite qu’elle ne peut s’empêcher de se comparer au reste du monde. Il y a fort à parier que la plupart de celles et ceux qui le peuvent se jettent sur ces méthodes sans objectivité.
Ainsi, il suffit de quelques mots et phrases intelligemment construits pour nous épater, nous faire saliver, faire monter la sève du désir en opposition à la frustration du plaisir totalement impossible à satisfaire.
Le diktat du bonheur : un échec programmé
Parce qu’en fait, de quoi s’agit-il ?
Le premier point, c’est de nous marteler que nous ne sommes pas ceci ou cela. Le second est que nous devons donc être cela ou ceci. Le troisième, que si nous n’avons pas les moyens d’évoluer, d’autres peuvent les mettre à notre disposition.
Enfin, que si nous ne faisons pas ce qu’il nous est quasiment enjoint de faire, ne nous plaignons pas. Il suffit d’assemblages verbaux bien marketés pour appâter le chaland. Comme un appât sur une canne à pêche. Il faut que cela brille, que cela donne l’illusion. Ferrer la bête, c’est l’objectif.
Celle ou celui qui résiste à l’appât, ou s’en tient à l’écart, prend des risques. Au mieux, le risque de ne pas partager le bien être ou présumé tel du plus grand nombre. Au pire, de continuer à se sentir angoissé ou anxieux faute d’utiliser des méthodes qui, pourtant, nous dit-on, ont fait leur preuve sur le plus grand nombre.
Et là, que se passe t’il ?
Sachant que si nous ne fonctionnons pas comme tout le monde, nous prenons le risque d’être exclu, mis à l’écart, nous courrons celui de nous sentir différents. Même si, à propos de cette notion de différence, d’autres messages, avec d’autres objectifs, nous informent que la richesse naît de la différence
La dictature du bonheur : vivre ou mourir
Voilà à quoi tient cette dictature du bonheur.
Si nous ne sommes pas heureux alors que le système nous en offre les moyens, c’est de notre faute. Si nous ne vous comportons pas de façon adaptée – répondre favorablement à une offre quelconque propre aux changements -, nous en sommes quittes pour souffrir.
Et voilà qu’un sentiment de culpabilité fait son apparition comme pour nous dire qu’il ne tient qu’à nous que notre vie change.
Dans le cas où nous résistons au changement, de multiples et nouveaux messages nous sont adressés, lesquels disent tous la même chose sous un angle différent. Cela s’appelle de la publicité.
Le processus qui vient de vous être présenté est celui là même sur lequel les marketeurs et les publicitaires font leur beurre. Celui de la manipulation, de l’ordre caché, comme une peur souterraine savamment distillée.
C’est la dictature du bonheur au sens où, comme le laisse entendre la définition citée précédemment, il s’agit d’exercer un pouvoir absolu sur une personne ou un groupe pour qu’ils prennent une décision conforme à un objectif donné. C’est la fonction même des réseaux sociaux.
Réseaux sociaux et dictature du bonheur
Les réseaux sociaux ont profondément modifié notre manière de vivre et de percevoir le monde qui nous entoure. Avec des millions d’utilisateurs actifs chaque jour, ces plateformes de médias sociaux ont un pouvoir immense sur notre quotidien. En effet, ils influencent nos interactions sociales, notre façon de consommer de l’information et même notre bien-être mental.
Les réseaux sociaux permettent de créer une image de marque, d’accroître la notoriété et la visibilité d’une entreprise ou d’un individu. En utilisant des stratégies de communication digitale et de marketing digital, il serait donc possible de toucher des milliers voire des millions d’utilisateurs à travers le monde.
Grâce au référencement naturel, aux mots-clés et aux hashtags pertinents, il serait possible d’accroître notre présence sur le web et d’augmenter notre notoriété de manière significative.
Les réseaux sociaux ont également un impact sur notre bonheur en nous permettant de créer des liens avec d’autres personnes, de partager des moments de notre vie et de rester en contact avec nos proches.
Cependant, cette constante exposition à des images parfaites et des vies soi-disant idéales peut aussi avoir un impact négatif sur notre santé mentale en nous poussant à comparer notre propre existence à celle des autres.
Il est donc vital de garder à l’esprit que ce que l’on voit sur les réseaux sociaux n’est souvent qu’une facette de la réalité et que la vraie vie ne se résume pas à des filtres Instagram.
Les réseaux sociaux peuvent également être un terrain propice au harcèlement et aux discours haineux. Il est donc essentiel que toutes et tous nous restions sensibles à l’importance du respect et de la bienveillance en ligne.
Les influenceurs et influenceuses ont un rôle crucial dans la diffusion de messages positifs et dans la promotion du bien-être sur les réseaux sociaux. Responsabilités dont fort peur d’entre eux ont vraiment conscience.
En effet, ils ont la capacité d’influencer le contenu partagé et de véhiculer des valeurs importantes pour la société. Ainsi les réseaux sociaux peuvent être à la fois une source de bonheur et de stress.
Il est essentiel de les utiliser de manière responsable et de ne pas se laisser submerger par cette multitude d’informations dont la plupart relève du spectacle organisé ou du voyeurisme guidé.
Une contrainte permanente à être heureux
Pour s’assurer de la satisfaction de l’objectif, des pressions renouvelées sur des groupes vont être exercées que ce soit. ia les réseaux sociaux, la réception de mails publicitaires, ou des publicités en ligne comme à la télévsion ou encore à la radio. Tous les réseaux de communication ont leur public et, partant,n leur importance.
Tôt ou tard, nous rendons les armes, et fléchissons à l’ordre donné et réitéré de consommer tel produit ou service. Dans le cas contraire, nous sommes voués aux gémonies et passons pour des « has been« , ces personnes qui ne sont pas dans le mouvement, donc résolument passéistes, et anti modernes.
Enfin, c’est le risque.
C’est un risque parce que le système sait, tôt ou tard et de façon opportune, nous faire savoir que nous sommes à la dérive. Mais qu’il n’est peut-être pas trop tard pour agir moyennant quelques petits arrangements.
Si nous n’y accédons pas, attention ! Nous allons tout perdre, progressivement. En fait, la dictature du bonheur c’est un peu comme un interrogatoire. On exerce sur nous une pression continue, une contrainte en somme, alors, nous finissons par passer à l’acte comme d’autres passent aux aveux, partant, à consommer l’idée d’un bonheur retrouvé.
Cela donne toute son importance au temps. Tôt ou tard, nous donnons foi aux sirènes de la communication liées à cette dictature du bonheur relatives à la plupart des domaines de nos vies.
Le langage de la dictature du bonheur
Résister à la dictature du bonheur est aussi difficile que de ne rien dire à celle ou celui qui, depuis 3 minutes, nous colle régulièrement une claque derrière la tête pour nous faire réagir.
Si vous ne disons rien, la pression s’accentue. Si nous disons quelque chose, ou réagissons mal, nous passons pour de mauvais coucheurs alors que l’autre ne veut que s’amuser.
Résister à la dictature du bonheur c’est comme ne rien dire face à la mauvaise foi, à l’arrogance, ou à la bêtise. La difficulté n’est pas tant de résister à la dictature du bonheur mais plutôt de nous ouvrir au nôtre, tel que nous le concevons, si tant est que nous en ayons une idée.
Mais il est vrai que c’est là que les choses se compliquent.
Parmi tout ces océans de bonheur proposés, ou imposés, est-ce que nous avons le droit d’aller mal, de nous sentir mal ? Je suis désolé de plomber l’ambiance, mais je crois que j’ai toutes les peines du monde à partager un bonheur auquel je ne m’identifie pas sachant que pour aller bien… il faut aller mal !
Être un winner ou rien
Si j’en crois les grands principes de la consommation, voire de la grande consommation, pour être reconnu, il est important de consommer tous de la même chose, des mêmes produits : téléphone mobile, télévision dernier cri, voiture électrique, et j’en passe.
Dès lors, celle ou celui qui roule dans une BMW n’est pas identifié et considéré de la même façon que celle ou celui qui roule dans une Dacia, sachant qu’il y a fort à parier que l’un et l’autre n’ont pas la même vision du bonheur.
Il y a celui qui mange des pommes de terre pour remplir le grand réservoir de sa voiture. Il est heureux de montrer sa belle auto. Excité d’être identifié comme un « winner« , mais bien triste quand, seul, dans son studio sans âme, il aspire à sa prochaine sortie dans sa belle auto.
Il y a le propriétaire de la Dacia qui, lui, ou elle, mange peut-être à sa faim. Il peut remercier sa petite auto qui lui coûte si peu, mais est vivement moqué par les chantres de l’esthétisme, parce que sa voiture, quel camouflet à l’esthétisme. Peut-être, mais, il a son petit bonheur à lui.
L’un comme l’autre répondent à des messages sociaux et affectifs qui conditionnent leur choix. L’un comme l’autre, sur la vision de leur bonheur fantasmé répondent positivement à une image. Pour être heureux, agissez par rapport à votre vision des choses. reste à savoir si les intéressés agissent sur la foi de leur seule vision, ou en fonction de l’image qu’ils veulent donner d’eux aux autres, ou de la peur d’être jugés.
Ainsi, c’est en permanence, dans tous les domaines de notre vie, la dictature du bonheur. Être heureux passe par la consommation ou l’usage répété d’un certain nombre de choix et de comportements qui nous sont été savamment distillés.
Le régime de la peur
Nous vivons dans une ère où la peur de la frustration le dispute à l’horloge. Tout doit aller vite et être conforme aux diktats d’un certain nombre de personnes. Ceux-là mêmes qui détiennent un pouvoir, celui de savoir nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
D’ailleurs, ne dit-on pas que le vrai pouvoir est celui de l’information ? Dans le cas contraire, pourquoi des hommes comme Vincent Bolloré, de sinistre réputation, cherchent t’ils tant à investir dans la communication (Groupe Vivendi, C8, etc.), si ce n’est pour imposer leur loi, leur vision du monde ?
Nous sommes de plus en plus éduqués dans cette idée qui veut que le temps passe vite et qu’il nous fait nous décider instantanément. Si nous ne faisons rapidement ce qui nous est proposé, ou imposé, la malheur nous est promis. Si nous ne portons pas les dernières chaussures à la mode, nous sommes des losers.
Cahincaha, nous apprenons à vivre dans la peur, celle du manque comme celle d’être jugés par nos pairs.
La dictature, c’était la magistrature suprême et extraordinaire exercée dans l’empire romain. Vous comprenez le principe ? C’est l’exercice du droit de vie et de mort : nous répondons favorablement, conformément à ce qui est attendu, nous restons en vie.
Dans le cas contraire, nous mourrons quelle qu’en soit la façon et, à ce propos, la mort physique est un moindre mal en comparaison de la mort sociale.
Comment résister à la dictature du bonheur ?
Existe t’il vraiment un moyen de résister à la dictature du bonheur ?
Honnêtement, je ne sais pas. Je pense que chacun d’entre nous peut avoir la sienne, s’il le souhaite. S’il ou elle ne se sent pas victime de la dictature du bonheur, nul n’est besoin de résister. Dans le cas contraire, je vous explique brièvement comment vous pouvez agir pour résister aux sirènes d’un bonheur prétendu.
C’est simple, voire basique : prenons le temps, celui de nous laisser naturellement inspirer, celui de comprendre, et d’assimiler. Laissons nous le temps au désir, seule voie possible au plaisir sans contraintes.
Résister à la dictature du bonheur, et à son langage, c’est prendre le temps : celui de vivre et d’assumer que, quelles que soient nos émotions associées à une quelconque frustration, nous avons le droit de choisir et de jouir de notre frustration.
A ce propos, rappelons nous : tout comme l’échec est le début de la réussite, la frustration est la porte d’entrée au désir, ce dernier nous donnant accès au plaisir, si tel est notre désir. La plaisir sera donc un aboutissement de nos désirs, mais le désir seul peut aussi être un plaisir.
Donner du sens pour tendre vers le bonheur
Nous avons le droit de me sentir malheureux même si certaines personnes pensent que nous avons tout pour être heureux. Mais, peut-être manquons nous de l’essentiel ?
Nous avons le le droit d’exprimer notre désaccord, même si cela déplaît et nous vaut exclusion. Nous avons le droit d’être insensible à une œuvre d’art que la plupart encense. Dussions-nous passer pour des incultes dénués d’émotions.
Nous avons toute latitude pour évoluer à notre façon, et non comme d’aucuns nous l’imposent. Nous avons le droit d’être un mouton noir et non un mouton bêlant. Et si je veux être ce dernier, personne n’a le droit d’en juger.
Notre bonheur ne consiste t’il pas à essayer de donner un sens à nos vies ? Notre bonheur, c’est d’accepter que, parfois, nous sommes triste ou en colère et que rien ni personne n’y peut rien changer. Notre bonheur, c’est ce que nous nous offrons comme ce que nous nous refusons, en conscience.
Notre bonheur, c’est celui de faire des choses qui nous procurent des émotions, qui donnent un sens à nos vie respectives. Nos émotions, c’est notre vie et nous essayons de la penser et de la vivre du mieux que nous le pouvons bien que, parfois, ou souvent, nous agissons de façon dysfonctionnelle.
Dès lors, nous opposer et alimenter les conflits plutôt que de les fuir est parfois la seule façon d’avoir de soi une image positive puisque nous nous affirmons.
Heureux si je veux…
Résister à toutes formes de dictatures, tel pourrait être notre bon plaisir mais cela ne m’empêche pas d’avoir peur. Parfois, nous sommes angoissés mais pas dupes. Nous prenons le risque d’être seul en résistant à la dictature du bonheur mais, in fine, nous ne sommes jamais ni vraiment seuls.
Alors, heureux, si nous le voulons et comme nous le voulons, surtout pas comme certaines huiles nous en donnent l’ordre, sans pensées ni libre arbitre, sans cette impression mortifère d’être sous le contrôle de quelqu’un ou d’un système insupportable.
Faire comme tout le monde est quasi impossible sans que, pour autant, nous voulions nous démarquer. Cela ne fait pas de des personnes incontrôlées ou incontrôlable.
Puisque nous évoluons en liberté surveillée, apprécions l’idée de jouer avec nos geôliers.
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