C’est un grand classique que cette angoisse d’être juré(e) à un procès d’assises.

En effet, la démocratie (ou devrais-je écrire : démocrature) veut que n’importe lequel d’entre nous soit, par le biais d’un tirage au sort, putativement convoqué(e) pour être juré(e) dans un procès d’assises.

Ainsi, en quelques jours, voire en quelques semaines, votre vie personnelle est mise entre parenthèses. Vous allez vivre une expérience qui, sans doute, va changer votre vision du monde en vous amenant à vous impliquer durant toute la période pendant laquelle vous allez participer en tant que citoyen à un procès d’assises en qualité de juré.

Des jours ou des semaines durant, vous assisterez à des interactions qui relèvent de la prise de pouvoir, voire parfois, du putsch, au nom de la justice, comme au nom du pouvoir et de la régulation sociale.

De tels moments ne vous laissent pas indemnes en termes d’émotions.

Tout à tour, vous ferez l’objet de l’attention des juges comme des avocats lesquels, chacun leur tour, essaieront de vous attirer dans leur giron. Ils attendront de votre part une décision qui corresponde à l’attente qu’ils nourrissent à votre endroit.

De revirements de situations en basculements, vous oscillerez entre le choix de la culpabilité ou de l’innocence. En quelques temps, vous déciderez de l’avenir d’une vie pour finir par être laissé(e) à la vôtre une fois le procès en cours d’assises terminé.

Votre écoute, vos convictions et vos émotions vous guideront tout au long du processus dans un continuum dont l’essentiel ne vous échappera pas mais qui ne vous laissera jamais indifférent.

Vous vous demandez comment ne pas être juré d’assises, si la possibilité de refus vous est offerte ou s’il peut y avoir un suppléant à un juré d’assises ?

Nul besoin d’essayer de ne pas déférer à votre convocation. Si vous ne répondez pas présent, vous serez condamné(e), à votre tour et, dans tous les cas, bonjour l’angoisse.


Une solution durable et efficace

Et si la solution à votre problème était là où vous ne l’auriez jamais imaginé…


Un grand moment de solitude que d’être juré à un procès

Imaginez que vous êtes chez vous. Vous vivez votre vie, vous êtes préoccupé par les études du petit dernier ou par le fait de savoir qui va se déclarer volontaire d’office pour faire la vaisselle. La routine quoi. Contre toute attente, un courrier débarque dans votre vie : vous êtes convoqué(e) pour être juré(e) d’assises.

Vous ressentez une certaine fierté à cette convocation. Tout vous est expliqué en langage administratif : comment se déroule un procès d’assises, votre rôle, vos engagements… Un petit paragraphe attire votre attention encore plus que les autres.

Vous êtes pris d’une légère angoisse. Du coup, la question se pose de savoir a justice inquiète plus qu’elle ne rassure ?

En effet, il vous est précisé que vous ne pouvez surseoir à cette convocation en tant que juré d’assises sous quelque prétexte fallacieux que ce soit, même celui d’une dispense d’être juré d’assises pour motif personnel au risque de vous voir condamné(e) à une peine de 3.750 € d’amende.

La justice semble ne pas être au fait des modes de communication inter-relationnelle, utilisant la menace comme mode éducatif.

Nonobstant cette angoisse d’être juré à un procès, vous en êtes quitte pour une seconde angoisse, plus existentielle celle là :

  • « Vais-je être à la hauteur ? ».
  • « Vais-je savoir écouter, juger, prendre parti, évaluer ? ».

Bref, allez-vous être un juré d’assises qui fait dignement acte d’un comportement républicain et responsable ? Grande question à laquelle vous ne saurez répondre qu’une fois le procès terminé, et encore ce n’est pas certain.

Fort(e) de cette convocation, vous informez votre employeur de vos obligations de juré d’assises. Ensuite, votre préparation mentale débute pour que, surtout, votre peur ne se voit pas ou, tout du moins, n’obère pas votre jugement pendant le procès.

Le doute et l’angoisse s’installent pendant le procès

L’angoisse de ce nouveau statut, provisoire il est vrai, vous fait vous mettre en quête d’informations.

Vous multipliez les recherches sur le web presque de façon compulsive et posez de nombreuses questions à vos amis dès que l’occasion se présente. De recherches en bibliothèque, en lectures diverses, vous vous apprêtez de sorte à avoir une tenue vestimentaire digne au sein du tribunal.

émotions pendant un procès

Donner une image de personne sérieuse et impliquée semble importante puisqu’il est vrai que siéger à un procès d’assises en maillot de bain n’offrirait pas la même crédibilité. D’ailleurs, vous n’envisagez même plus de trouver des moyens pour être révoqué.

À la fois excité(e) et empreint(e) de peur, vous êtes otage d’un paradoxe qui va vous amener à apprendre à contrôler vos émotions mais aussi à trouver des solutions pour vaincre le stress et l’angoisse.

L’envie de vous rendre à ce procès et l’envie de ne pas y être ce qui, bien évidemment, vous angoisse puisqu’avec d’autres citoyens vous allez décider de la vie, et de l’avenir, d’un homme ou d’une femme, criminel(le) présumé(e) mais quand même. Cette charge mentale vous incombe et son poids vous angoisse progressivement.

La peur de l’engagement

Les choses doivent être faites dans les règles. Vous devez apporter la ou les preuves de votre identité et aussi prêter serment. Cela signifie que dans un cérémonial dont la justice a le secret, vous prenez engagement quant à respecter des règles.

Cette solennité participe à amplifier angoisse et anxiété alors que cette cérémonie qui n’a rien d’une communion solennelle. Vous avez peur, vous êtes impressionné(e) mais rappelez-vous : vous n’êtes pas la personne mise en cause, vous êtes juré(e) d’assises.

Chacun son tour

Votre rôle, votre mission ainsi que le déroulement du procès d’assises vous ont été expliqués. Le premier jour d’audience arrive. Vous vous imprégnez du décorum, de la solennité du lieu comme de cette vision que vous avez de votre piédestal sur le reste du tribunal.

Ce sentiment de dominer l’ensemble de la situation. Cette formulation « être au-dessus » prend alors tout son sens. Ce décalage dans les positionnements de chacun vous semble être un choix stratégique savamment choisi et cela vous met mal à l’aise également.

Les identités vérifiées, la présence de chacun validée, l’acte d’accusation est lu.

Un malaise vous envahit à l’énoncé de faits sordides. Vous n’êtes pas au bout de vos peines. Dans l’affaire qui est jugée, rien ne vous est épargné et il vous faudra gérer vos émotions tout au long du procès.

Vous méconnaissez totalement ce dossier. Vous entendez tout ce qui se dit : les questions du président comme les réponses de l’accusé(e). Il en est de même en ce qui concerne les interventions des avocats de la défense comme de l’avocat général. Du coup, vous vous posez la question de savoir à quoi vous servez.

Taiseux, nous n’avez aucun droit à intervenir et pourtant, des invraisemblances vous assaillent. Vous vous contentez de prendre des notes, et vous vous sentez seul(e), comme livré(e) à vous même, bien qu’accompagné(e) de votre désarroi causé par cette angoisse pénible qui s’immisce en vous : ce qui se joue vous dépasse.

L’heure est grave

Entre les interruptions de séances, les interventions des avocats, ou celles du ministère public, vous avez l’impression d’être phagocyté(e). Les uns contestent les éléments à charge pendant que d’autres veulent des aveux plus forts encore. Tous veulent la même chose : vous attirer, vous le ou la juré(e), dans leur escarcelle.

À tort ou à raison, un sentiment d’angoisse vous envahit. Vous avez l’impression d’être sommé(e) de choisir. L’avocat de la défense plaide au mieux des intérêts de son client pendant que le ministère public veut sa sentence, celle de la culpabilité jugée et condamnée.

Chacun y va de ses comportements.

Effets de manches, voix posée ou tonitruante. Vous êtes habité(e) par le doute. Qui a raison ? Qui a tort ? Quel choix devez vous faire pendant les délibérations ? Vous ne devez en aucun cas choisir sur la foi de vos affects.

Vous devez penser et réfléchir en toute objectivité. Comment agir de la sorte ? Vous avez l’impression que toutes les parties prenantes à ce procès tentent de vous attirer à elles.

Que faire pour ne pas ressentir de l’angoisse à l’idée que la décision que vous allez prendre en matière de culpabilité conditionne la vie, l’avenir d’un autre humain. Comment gérer ses émotions dans un tel contexte ? Comment vaincre le stress et l’angoisse à cette place de juré(e), avec le sort du condamné entre les mains, même si celui-ci ou celle-ci a commis des actes odieux ?

Comment ne pas se sentir empreint d’angoisse à l’idée de ces vies qui basculent dans l’horreur parfois contre toute attente ? Comment rester indifférent à toutes ces intimités exposées sur la place publique « au nom de la loi » ?

Doutes et angoisses : le lot commun des jurés à un procès

Le verdict est rendu. Pendant toute cette période, il vous est demandé de vous tenir à distance de tout élément se rapportant à l’affaire. Plus facile à dire qu’à faire.

Vous ne pouvez pas échapper à toutes ces actions que toutes les parties ont émises en votre direction pour vous amener à prendre une décision conforme à ce qu’ils attendent de vous, et aucun des moments du procès ne vous aura laissé indifférent(e).

À aucun moment non plus, au terme de chaque journée, vous repartez à vos activités sans être durablement affecté(e) par ce qu’il s’est passé ou par ce qu’il est entrain de se passer. A vous, les troubles du sommeil et de l’endormissement, les questions sans réponses.

Peur de faire partie du jury à un procès

A vous aussi, les angoisses nocturnes qui sont autant d’échos à vos doutes persistants. Qui a tort ? Qui a raison ? Quelle est mon intime conviction ? Une fois encore, toutes ces questions résonnent dans votre tête.

Quand tout est terminé, le verdict rendu, vous repartez encore plus seul que vous n’êtes arrivé(e). À vous les souvenirs de ces plaidoiries parfois enflammées qui ne vous auront jamais laissé indifférent(e). Chacune vous marquera de son empreinte que vous revivrez pour quelques temps.

Ce moment durant lequel vous êtes juré(e) au tribunal, comme hors du temps, vous laisse une marque telle qu’il n’est pas impossible que vous viviez le tout comme un traumatisme.

Après avoir assister à un procès d’assises, vous ne sortez pas indemne de ces émotions qui vous auront saillies tout au long de ces journées. Ces moments parfois si longs et terribles, ces journées où l’émotion aura plus ou moins laissé sa place au sordide.

Votre vision de l’homme, de la société, de la justice sont marqués à jamais par ce moment suspendu. Votre vision sociale de ce monde, celui du crime, celui de la société quand elle juge, celui de la justice, celui des hommes, vous marquera à jamais.

Le rôle de juré à un procès d’assises quand il – elle est seul(e) face à soi

Le temps passe, inexorablement.

Parfois, des souvenirs remontent à la surface. Dans un moment social fort, vous avez démocratiquement participé à juger un être humain pour des faits dont la seule évocation vous angoisse.

À votre tour, condamné(e) à écouter, à être imprégné(e) d’un monde qui n’est pas le vôtre. Vous êtes pris(e) de ces vertiges liés aux troubles anxieux qui ébranlent votre vision de la société pour toujours. Le doute et l’angoisse font leur œuvre et le temps continue de s’égrener.

Ce même temps qui vous éloigne de votre passage dans la noirceur des hommes. Désormais, votre regard est affecté de tous ces moments et sans doute, n’êtes-vous plus le ou la même.

Vous l’êtes d’autant moins que, parfois, alors que vous participez à un cercle social inattendu, celui des jurés, vous êtes amené(e) à lier connaissance avec les autres jurés.

Ce lien, parfois si fort, co-construit un souvenir récurrent. Comme une continuité du procès, comme l’entretien de cette angoisse sourde qui vous habite, et que vous entendrez longtemps encore.

Sauf cas très particulier, vous ne pouvez pas échapper à une nomination pour être juré(e) à un procès d’assises. Du coup, vous avez toutes les raisons d’avoir à supporter cette angoisse d’être juré à un procès.


Mieux communiquer sur les tocs


Frédéric Arminot
Frédéric Arminot

Ancien grand anxio-dépressif, et victime d’angoisses aux multiples conséquences des années durant, je suis spécialisé dans le traitement des problèmes d'angoisse, d'anxiété, de dépression, de phobie, et de toc, et exerce depuis plus de 25 ans en qualité de comportementaliste (thérapeute/coach comportemental). Mes compétences dans les domaines de l'approche systémique de Palo Alto (approche stratégique et brève orientée solution) me permettent de résoudre 16 cas sur 17 en moins de 2 mois (95 % de résultats).